jeudi 6 mars 2014

Alba avant Alba



Montparnasse, les lieux de légende comblait donc un vide éditorial. À tel point qu’il fut couronné par le « Prix de la Tour Montparnasse 2013 Prix de la vie artistique parisienne », remis des mains de Bernard Pivot, au sommet de « la tour la plus littéraire du monde », dixit ce dernier, en ouverture du Salon du Livre sur Paris. Émotion bien sûr de votre flâneur, comblé par un jury de qualité… (Jugez-en vous même)
De là-haut, la vue est splendide : on prend de la hauteur et, sans se prendre pour Rastignac, on a cette curieuse impression de dominer Paris. Illusion pure, mais qui crée son vertige lorsque l’on découvre la structure étoilée du Paris moderne, son art de la diagonale que l’on ne trouve en nulle autre ville.
Du haut de la Tour : on voit La Rotonde (en rouge), la Place Pablo-Picasso, le toit du Dôme, la rue Delambre...

Douce rançon de ce petit succès : des promenades commentées, une conférence donnée devant les grands hommes et femmes d’affaires du quartier Montparnasse, question de leur transmettre l’expérience de Montparnasse que, trop souvent, ils méconnaissent.  Tout comme, d’ailleurs, la plupart des échelons de personnel travaillant dans le quartier, à la Tour comme ailleurs : gardiens, portiers, hôtes et hôtesses d’accueil, commerçants, tant d’autres qui croient que Montparnasse n’est que le nom d’un boulevard ou d’une tour, faute qu’on leur en ai dit autre chose. Ignorant la formidable histoire du quartier. Certes, on peut vivre sans. Mais  vivre avec cette histoire, avec cette expérience particulière mêlant bohème, cosmopolitisme, désinvolture sur la spéculation, partage de pratique, générosité, travail exigeant et sens de la fête, de la grande fête qui creuse le temps et les nuits. Et le lendemain, au travail. Comme Giacometti, comme Modigliani, comme Soutine, comme Pascin.
A la fin de cette conférence, donc, un monsieur, costaud et volubile, est venu me demander si, en dehors de l a Grande Chaumière (la fameuse Académie où tant de peintres et sculpteurs sont venus étudier le nu sur le vif) je connaissais la Petite Chaumière. Non. Où ? Alba. Alba-la-Romaine, en Ardèche.
Je faisais la connaissance de Philippe Roux qui allait m’ouvrir tout un pan de l’histoire de Montparnasse, dans son exil d’exilés, dans son excroissance inséminatrice. Il allait m’apprendre qu’à l’appel d’André Lhote, dans un article de 1948 dans le journal Combat, bon nombre d’artistes de l’École de Paris, et surtout de Montparnasse, allaient s’installer en Ardèche, acheter les maisons qui tombaient en ruine et ainsi sauver le village. Parmi eux, le graveur et peintre Stanley William Hayter, sa femme sculpteur Helen Philips, le peintre Jean Le Moal et de nombreux autres. 
Stanley Hayter

Je découvrais grâce à lui un autre pan de l’histoire de mon quartier, hors-les-murs. Philippe émit l’idée que quelque lien pouvait être fait, sur place, entre mon travail, celui des associations locales (Alba Nera et Enfants Amis d’Alba) et ces artistes. Si j’avais envie…
J’avais envie.
(À suivre)

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