mercredi 30 avril 2014

Au Café du Croissant, rue Montmartre (assassinat de Jaurès)

Sur l’invitation de mes éditrices de la Table Ronde, je me suis rendu de bonne heure hier matin rue Montmartre. Non pas le quartier où je flâne de plus en plus, mais bien la rue, dans le IIe. C’est le quartier des Grands Boulevards, celui des sièges (anciens ou actuels) de grands journaux (Figaro, L’Humanité, le Nouvel Obs…). Le lieu de rendez-vous était, plus précisément, la Taverne du Croissant, anciennement le Café du Croissant, là où fut assassiné, il y aura bientôt un siècle, Jean Jaurès.

Nous étions donc conviés sur les lieux mêmes du crime. Une grande plaque commémore l’événement sur le mur extérieur à côté de l’entrée.

La plaque à l'entrée du café


Une autre, plus petite, au sol, à gauche en entrant, marque le lieu même du drame : son assassin n’a eu qu’à tirer par la fenêtre ouverte pour l’abattre d’une balle dans la tête.
La plaque au sol à l'endroit où Jaurès est mort

La plaque, de plus près

Une petite vitrine, aussi, avec quelques livres, photos et des coupures de journaux, ainsi qu’un buste du grand homme.
Vitrine intérieure avec des documents

Nous allions écouter Dominique Paganelli, l’auteur d’un livre qui paraît ces jours-ci, Il a tué Jaurès. Comme une écrasante  majorité de personnes, je ne m’étais jamais posé la question du destin de l’assassin de Jaurès, Raoul Villain. Sachant qu’il avait été arrêté dans la foulée et que, loin de nier, il revendiquait son crime, je m’étais bêtement imaginé qu’il avait fini à Cayenne. Point du tout. Le 29 mars 1919, alors que l’on s’apprête à signer le Traité de Versailles, la cour d’assises de la Seine acquitte tout simplement l’assassin aux dépens de la veuve Jaurès !! On croit rêver, mais il en est ainsi.
Le livre, qui paraît le 6 mai en librairie

Comment tout cela a-t-il été possible ? Paganelli mène l’enquête et, croyez-moi, cette histoire est bien troublante pour la justice… politique !

Alice Déon, l'éditrice, l'auteur (de dos) et quelques libraires attentifs...

Et, pour ceux qui n'auraient plus l'air de Brel en tête...

lundi 14 avril 2014

Pour ceux qui ont raté Ernest Pignon-Ernest


Ernest Pignon-Ernest à L'Arbre à Lettres le mardi 8 avril 2014
https://www.youtube.com/watch?v=kmf8QSaObzI&feature=youtu.be



Soyons généreux, pensons aux absents, ceux qui n’ont pu être des nôtres mardi 8 avril, lors de la rencontre avec Ernest Pignon-Ernest et André Velter. Certes, ils auront manqué trois quarts d’heure de magie, mais grâce à la caméra de Jérôme Noël, ils peuvent, ici même, profiter d’un bon condensé d’une quinzaine de minutes.
Merci à celles et ceux, qui, en nombre sont venus et peuvent ici revoir et entendre quelques moments forts.

Merci encore à Ernest Pignon-Ernest et André Velter pour leur disponibilité.

Quelques photos de l'événement :

L'arrivée à la librairie

Il y avait du monde devant...
... derrière...

On commence : de gauche à droite Ernest Pignon-Ernest, Françoise Issaurat (Gallimard), André Velter

Public captivé
On s'envole


« Je dessine cette main fragile… »


« Ces plaques de pierre noire, qui rappellent la présence constante du Vésuve et de la mort… » 


Discussion avec Alain Jaubert (qui rentre de Naples)


On signe

Avec Jo Vargas, l'artiste
Les amies se retrouvent

Echo du Caravage

Dan filme...

Pascale photographie...

Marion et Anne-Pascale s'activent

Merci à Jérôme (© pour le film, les photos, les prises d'écran), George, présent par sa voix et sa musique ©), Anne-Pascale et Marion, les fées ! 

Et à vous, fidèles de nos événements, et à celles et ceux qui le seront !




lundi 7 avril 2014

L'Académie d'André Lhote

L’autre jour, à propos d’Alba-la-Romaine, j’évoquais celui qui fut à l’origine, par un appel dans le journal Combat, de la renaissance de ce très joli village qui tombait alors en ruine. Mon ami Bernard Matussière, photographe célèbre, ancien assistant d’Émile Muller, le « mécanicien-photographe », ayant droit des œuvres de ce dernier, m’a fait l’amitié de me prêter quelques photos de Muller prises dans l’atelier-académie de Lhote. Je l’en remercie !


André Lhote enseignant à son Académie (© B. Matussière)

André Lhote est né à Bordeaux le 5 juillet 1885. Il a treize ans lorsqu’il débute la sculpture sur bois chez un marchand de meubles. Ayant commencé par la pratique, il a besoin de théorie et d’apprendre avec une autre longueur d’ondes, aussi entre-t-il à l’École des Beaux-Arts de Bordeaux pour étudier cet art. À vingt ans, il quitte le domicile parental pour créer son propre atelier où il se consacre alors à la peinture, qu’il avait commencé à pratiquer en autodidacte.
En 1907 il monte à Paris. Il travaille beaucoup la peinture et obtiendra sa première exposition personnelle chez Druet en 1910.
En 1912, il rejoint le groupe de la Section d’Or, le fameux groupe de Puteaux qui veut élaborer, entre 1912 et 1914, une autre voie pour le cubisme, « orphique » selon Apollinaire, tentant de s’affranchir des maîtres que sont Braque et Picasso. Parmi ses membres les plus éminents, on compte les frères Duchamp (Marcel, Jacques Villon, et Raymond Duchamp-Villon), Fernand Léger, Picabia, Marcoussis, Calder, Kupka, notamment, ainsi que ses théoriciens que furent Gleizes et Metzinger ou Princet, et Apollinaire. Son cubisme à lui se révèle moins abstrait, plus physique peut-être que certains de ses collègues.

Dans l'atelier Académie d'André Lhote, 18 rue d'Odessa, Paris 
(© B. Matussière)


La guerre éclate et André Lhote part au front. À son retour, il décide de fonder sa propre Académie à Montparnasse, centre du monde culturel et créatif, au 18 de la rue d’Odessa, lieu aujourd’hui détruit (on y trouve une crêperie et un restaurant libanais). Pendant une vingtaine d’années, il enseignera ici, dans une Académie libre, où étudient notamment Tamara de Lempika, William Klein, Henri Cartier-Bresson, ainsi qu’un certain Claude Simon. Le futur écrivain, et encore plus futur Nobel, a commencé par la peinture, et notamment en fréquentant l’Académie de Lhote. Sur sa période d’ « étudiant en cubisme », il n’en gardera pas un bon souvenir : « convertissant sous forme d’ineptes triangles, d’ineptes carrés ou d’ineptes pyramides (ou cônes, ou sphères, ou cylindres) les voiles, les barques et les rochers ».
Mais bien d’autres surent en tirer profit.

Modèle dans l'atelier d'André Lhote
(© B. Matussière)

Proche par son compatriote bordelais Jacques Rivière, André Lhote a poursuivi sa passion pour la théorie en publiant de nombreux articles dans la NRF. Son entente avec le directeur suivant, Jean Paulhan, fut souvent orageuse, comme en témoigne sa correspondance, Paulhan, Lhote, correspondance 1919-1961 (Galimard). Parmi ses autres livres disponibles, La peinture libérée (Grasset) et Traités du paysage et de la figure (Grasset).

mercredi 2 avril 2014

Ernest Pignon-Ernest à L'Arbre à Lettres

Immense joie de recevoir un des plus grands artistes d’aujourd’hui, Ernest Pignon-Ernest en compagnie du poète André Velter, auteur du très beau texte du livre, Ernest Pignon-Ernest somptueux, qui vient de paraître chez Gallimard.

Depuis les années soixante, Ernest Pignon-Ernest intervient sur les murs des villes, parfois les trottoirs, ou les colonnes. Déjà, militaire contraint en Algérie durant cette guerre qui ne disait pas son nom, il peignait, sur un journal algérien, le taureau de Guernica. Premier geste d’affranchissement. Puis, sur le plateau d’Albion où se cachaient les missiles français, l’ombre de l’échelle et de cet homme littéralement atomisé sur un mur d’Hiroshima. Trottoirs parisiens à l’effigie de la Commune, colonnes Maïakovski à Avignon pour lutter contre la récupération du poète, ces liens-cassures entre trottoirs et murs de Tours pour accompagner la loi sur l’avortement, les portraits de Rimbaud entre les Ardennes et Paris, les sublimes affiches napolitaines évoquant notamment le Caravage, cette très belle Louise Lame, joli et érotique hommage à Desnos, parmi tant d’autres merveilles : tout est à la fois beau, dérangeant, troublant, politique, à la portée des yeux, pour tous, et jouant sur une grande longueur d’onde.

Cet artiste travaille à La Ruche, dans ce lieu mythique de Montparnasse ; je n’oublierai jamais que c’est lui qui m’en a ouvert les portes ; j’apprécie d’autant plus qu’il accepte ainsi cette invitation, accompagné de son complice, poète (et éditeur, dirigeant la collection « Poésie » chez Gallimard) André Velter.
Un cadeau qu’ils me, qu’ils nous font.

A mardi 8 avril, à partir de 19h !