lundi 25 mai 2015

Bonnard et Vernonnet : Ma Roulotte



De passage du côté de Giverny, nous avons poussé à peine plus loin, à Vernonnet, cet ancien village rattaché à Vernon, où Pierre Bonnard a vécu et peint si longtemps.

C’est en 1910, l’année qui suit sa première visite à Monet, que Bonnard loue cette maison qui appartient aux héritiers du peintre Delpy, qui vient de mourir. Deux ans plus tard, se trouvant en fond, Bonnard achète la maison. Elle lui procure une base de travail et d’observation sous les ciels si changeants de Normandie, à une poignée de kilomètres du Maître de Giverny qui lui rend fréquemment visite ou, plus souvent encore, lui envoie un mot l’enjoignant à venir dès que possible. Ce que fait Bonnard qui, depuis 1911, possède une voiture, une Renault, qu’il aime conduire à vive allure. En quelques minutes à peine, il se trouve auprès de son aîné qui lui demande son avis sur le travail en cours, notamment dans les années qui suivront, durant la sublime et exténuante expérience de la série des nymphéas. Le lecteur curieux lira avec profit l’excellent ouvrage d’Alexandre Duval-Stalla (bien qu’il passe sous silence le rôle discret, mais ô combien précieux pour Monet, de Bonnard. Il faut croire que cette histoire est peu connue…).

"Ma Roulotte", en arrivant de Giverny


C’est dans cette maison que Bonnard a peint de nombreux nus de Marthe, notamment une série au tub, et l’a prise en photo. C’est là qu’ils ont peut-être vécu cette expérience de ménage à trois ; en tout cas, ici Lucienne comme Renée de Monchaty ont été peintes plusieurs fois.












 Les vues sur la Seine également, ainsi que le jardin, les arbres, la terrasse, la balustrade blanche…

La maison et la fameuse balustrade blanche...
Marthe et Pierre Bonnard

La balustrade

Grande émotion, donc, d’entrer dans cette maison où le peintre a tant, et si intensément vécu. En arrivant, nous voyons d’abord l’auberge où ils menaient leurs invités dîner. De là aussi ils faisaient venir leurs plats ; on me dit que des deux serveuses, seule l’aînée était autorisée à les livrer, Marthe étant toujours nue…

Merci donc à Bertrand et Danièle de nous avoir ouvert aussi chaleureusement leur porte. Nous n’étions d’ailleurs pas seuls : une jeune artiste allemande, résidant depuis peu à Vernon et passionnée de Bonnard, s’y trouvait déjà avec une amie. Je crois que des projets se préparent… Ce couple charmant et passionné ouvre d’ailleurs régulièrement les portes de leur maison afin que les amateurs et artistes aient droit, eux aussi, à un parfum de Bonnard… Leur bibliothèque est bien fournie et ils connaissent très bien l’histoire de leur glorieux prédécesseur.
Danièle
Bertrand


Très curieuse impression de se trouver dans cet intérieur, bien qu’il ait beaucoup changé. Le rez-de-chaussée, qui se trouve être l’étage par rapport au niveau du jardin (un dénivelé moindre que celui du Bateau-Lavoir, mais la notion d’étage varie selon la position que l’on occupe), qui était celui des chambres, est maintenant un vaste séjour, éclairé davantage encore par des portes-fenêtres. Une aile nouvelle, étroite, a été ajoutée au bâtiment ancien.

L'ancienne salle à manger aujourd'hui
Au rez-de-jardin, ce sont maintenant des chambres, là où était la fameuse salle à manger rouge, où Marthe est peinte à la fenêtre, penchée vers l’intérieur. La pièce est maintenant plus claire, mais Danièle a posé sur le lit, dans le bon axe, un livre ouvert sur la reproduction de la Salle à manger à la campagne (1913). 

Bonnard, Salle à manger à la campagne (1913)


Dans la nouvelle aile, une salle de bains avec les carreaux du Cannet, une baignoire à l’ancienne… Tout est neuf, bien sûr, il ne s’agit pas de fétichiser, mais d’évoquer la présence de Bonnard et Marthe. Il en va de même pour un petit tub ancien, mais qui n'est évidemment pas celui de Marthe, mais le clin d'œil est joli...



À l’extérieur, le jardin a toujours sa magie d’antan. Les arbres ont poussé, la nature fait son travail.
Luxuriance des verts, des éclaboussures bleues…





Et ce bras de Seine qui semble éternel…










Danièle et Bertrand ont aussi créé une association qui a fait venir par voie fluviale, de Nevers, un magnifique bateau-atelier, à l’instar de celui de l’ancien voisin, Monet… http://vernon-visite.org/rf3/bonnard2.shtml


Le bateau-atelier

Émouvant d’imaginer, ici, Bonnard donnant la main à sa compagne pour monter dans leur petit bateau. 


























Bateau qu’il descendait au moyen du rail que vous voyez ici, toujours présent, 
à l’aide de ce chariot
 (c’est bien le même, resté sur place). 









Dans la remise, on voit encore l’encoche dans laquelle l’artiste encastrait son bateau.


Puis visite aux voisins, une artiste charmante, son compagnon qui nous raconte quelques anecdotes (dont celle de l’auberge).
Tout, ici, est ravissant, chaleureux, convivial.

Nous reviendrons…

Mais en attendant, prochaine activité sur Bonnard, jardins secrets à la librairie La Belle Lurette, jeudi 11 juin (vers 19h30 ?)

Et pour Montmartre, les lieux de légende, présentation à la librairie La Lucarne des écrivains mercredi 27 mai à 19h30.


Prochaine promenade à partir de la librairie L'Atelier 9, samedi 30 mai à 15h. C'est gratuit, mais inscription obligatoire sur le site de Parigramme ou à l'adresse suivante : 

Deux autres suivront, détails à suivre !


2 commentaires:

  1. Bravissimo, tellement vrai, tellement bien écrit, à très vite

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  2. Bertrand, Danièle, vous êtes des artistes et vous donnez envie de mieux connaitre encore cet art qui nous entoure.
    Amitié
    Jean

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