lundi 7 avril 2014

L'Académie d'André Lhote

L’autre jour, à propos d’Alba-la-Romaine, j’évoquais celui qui fut à l’origine, par un appel dans le journal Combat, de la renaissance de ce très joli village qui tombait alors en ruine. Mon ami Bernard Matussière, photographe célèbre, ancien assistant d’Émile Muller, le « mécanicien-photographe », ayant droit des œuvres de ce dernier, m’a fait l’amitié de me prêter quelques photos de Muller prises dans l’atelier-académie de Lhote. Je l’en remercie !


André Lhote enseignant à son Académie (© B. Matussière)

André Lhote est né à Bordeaux le 5 juillet 1885. Il a treize ans lorsqu’il débute la sculpture sur bois chez un marchand de meubles. Ayant commencé par la pratique, il a besoin de théorie et d’apprendre avec une autre longueur d’ondes, aussi entre-t-il à l’École des Beaux-Arts de Bordeaux pour étudier cet art. À vingt ans, il quitte le domicile parental pour créer son propre atelier où il se consacre alors à la peinture, qu’il avait commencé à pratiquer en autodidacte.
En 1907 il monte à Paris. Il travaille beaucoup la peinture et obtiendra sa première exposition personnelle chez Druet en 1910.
En 1912, il rejoint le groupe de la Section d’Or, le fameux groupe de Puteaux qui veut élaborer, entre 1912 et 1914, une autre voie pour le cubisme, « orphique » selon Apollinaire, tentant de s’affranchir des maîtres que sont Braque et Picasso. Parmi ses membres les plus éminents, on compte les frères Duchamp (Marcel, Jacques Villon, et Raymond Duchamp-Villon), Fernand Léger, Picabia, Marcoussis, Calder, Kupka, notamment, ainsi que ses théoriciens que furent Gleizes et Metzinger ou Princet, et Apollinaire. Son cubisme à lui se révèle moins abstrait, plus physique peut-être que certains de ses collègues.

Dans l'atelier Académie d'André Lhote, 18 rue d'Odessa, Paris 
(© B. Matussière)


La guerre éclate et André Lhote part au front. À son retour, il décide de fonder sa propre Académie à Montparnasse, centre du monde culturel et créatif, au 18 de la rue d’Odessa, lieu aujourd’hui détruit (on y trouve une crêperie et un restaurant libanais). Pendant une vingtaine d’années, il enseignera ici, dans une Académie libre, où étudient notamment Tamara de Lempika, William Klein, Henri Cartier-Bresson, ainsi qu’un certain Claude Simon. Le futur écrivain, et encore plus futur Nobel, a commencé par la peinture, et notamment en fréquentant l’Académie de Lhote. Sur sa période d’ « étudiant en cubisme », il n’en gardera pas un bon souvenir : « convertissant sous forme d’ineptes triangles, d’ineptes carrés ou d’ineptes pyramides (ou cônes, ou sphères, ou cylindres) les voiles, les barques et les rochers ».
Mais bien d’autres surent en tirer profit.

Modèle dans l'atelier d'André Lhote
(© B. Matussière)

Proche par son compatriote bordelais Jacques Rivière, André Lhote a poursuivi sa passion pour la théorie en publiant de nombreux articles dans la NRF. Son entente avec le directeur suivant, Jean Paulhan, fut souvent orageuse, comme en témoigne sa correspondance, Paulhan, Lhote, correspondance 1919-1961 (Galimard). Parmi ses autres livres disponibles, La peinture libérée (Grasset) et Traités du paysage et de la figure (Grasset).

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