Montparnasse, les lieux de légende
comblait donc un vide éditorial. À tel point qu’il fut couronné par le
« Prix de la Tour Montparnasse 2013 Prix de la vie artistique
parisienne », remis des mains de Bernard Pivot, au sommet de « la tour
la plus littéraire du monde », dixit ce dernier, en ouverture du Salon du
Livre sur Paris. Émotion bien sûr de votre flâneur, comblé par un jury de
qualité… (Jugez-en vous même)
De
là-haut, la vue est splendide : on prend de la hauteur et, sans se prendre
pour Rastignac, on a cette curieuse impression de dominer Paris. Illusion pure,
mais qui crée son vertige lorsque l’on découvre la structure étoilée du Paris
moderne, son art de la diagonale que l’on ne trouve en nulle autre ville.
Du haut de la Tour : on voit La Rotonde (en rouge), la Place Pablo-Picasso, le toit du Dôme, la rue Delambre...
Douce
rançon de ce petit succès : des promenades commentées, une conférence
donnée devant les grands hommes et femmes d’affaires du quartier Montparnasse,
question de leur transmettre l’expérience
de Montparnasse que, trop souvent, ils méconnaissent. Tout comme, d’ailleurs, la plupart des
échelons de personnel travaillant dans le quartier, à la Tour comme
ailleurs : gardiens, portiers, hôtes et hôtesses d’accueil, commerçants,
tant d’autres qui croient que Montparnasse n’est que le nom d’un boulevard ou
d’une tour, faute qu’on leur en ai dit autre chose. Ignorant la formidable
histoire du quartier. Certes, on peut vivre sans. Mais vivre avec cette histoire, avec cette
expérience particulière mêlant bohème, cosmopolitisme, désinvolture sur la
spéculation, partage de pratique, générosité, travail exigeant et sens de la
fête, de la grande fête qui creuse le temps et les nuits. Et le lendemain, au
travail. Comme Giacometti, comme Modigliani, comme Soutine, comme Pascin.
A
la fin de cette conférence, donc, un monsieur, costaud et volubile, est venu me
demander si, en dehors de l a Grande
Chaumière (la fameuse Académie où tant de peintres et sculpteurs sont venus
étudier le nu sur le vif) je connaissais la Petite Chaumière. Non. Où ?
Alba. Alba-la-Romaine, en Ardèche.
Je
faisais la connaissance de Philippe Roux qui allait m’ouvrir tout un pan de
l’histoire de Montparnasse, dans son exil d’exilés, dans son excroissance
inséminatrice. Il allait m’apprendre qu’à l’appel d’André Lhote, dans un
article de 1948 dans le journal Combat,
bon nombre d’artistes de l’École de Paris, et surtout de Montparnasse, allaient
s’installer en Ardèche, acheter les maisons qui tombaient en ruine et ainsi
sauver le village. Parmi eux, le graveur et peintre Stanley William Hayter, sa
femme sculpteur Helen Philips, le peintre Jean Le Moal et de nombreux autres.
Stanley Hayter
Je découvrais grâce à lui un autre pan de l’histoire de mon quartier,
hors-les-murs. Philippe émit l’idée que quelque lien pouvait être fait, sur
place, entre mon travail, celui des associations locales (Alba Nera et Enfants
Amis d’Alba) et ces artistes. Si j’avais envie…
J’avais
envie.
(À suivre)
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